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lundi 12 mai 2014

Le sport, une affaire de gauchers ?

Rafael Nadal
Au cours d'un récent bootcamp, l'une des participantes s'est exclamée, en apprenant que Thomas était gaucher : « Alors maintenant, je comprends mieux ! ». Mais qui d'entre vous s'en était également aperçu ?

De nos jours, constater qu'un parent, un ami, un collègue, un voisin ou même son coach est gaucher n'a plus aucune importance. Cette « indifférence » à l'égard des gauchers est cependant très récente.

Pour l'anecdote, sachez que dans de nombreux pays, être gaucher pouvait être le signe d'une appartenance familiale honteuse ou d'un statut social dégradant. Être gaucher était également considéré comme le révélateur de mœurs déréglées. Se servir de la main gauche allait donc à l'encontre de la normalité.

Dès le Moyen-Âge, tout ce qui était relatif à la gauche représentait le maléfice. La main gauche était alors considérée comme la main du diable. Au 18e siècle, se servir de la main gauche allait également à l'encontre de la décence. Il a donc fallu corriger cette indécence car être gaucher revenait à être mal éduqué.

Les théories raciales des 19e et 20e siècles iront même jusqu'à assimiler les gauchers à des sous-hommes, victimes d'une régression de l'évolution mentale. Parmi les théories publiées à l'époque, Edwin Tenney Brewster affirmait ainsi en 1913 que l'utilisation de la main gauche était « beaucoup plus fréquente dans les classes sociales inférieures que dans les classes sociales supérieures […], chez les sauvages que chez les races civilisées ».

Au cours des siècles, le développement de l'alphabétisation et l'apprentissage de l'écriture vont parallèlement entraîner l'application d'une discipline et d'une méthode d'enseignement drastiques dans lesquelles l'écriture droitière sera normalisée. Au nom de la normalité droitière, les gauchers subiront de nombreuses contraintes morales et physiques de nature torturante (se faire attacher la main gauche dans le dos par exemple). Ces pratiques, à l'origine de troubles psychomoteurs ou du langage, de sentiments d'infériorité, d'hyperémotivité ou d'anxiété chez biens des gauchers, vont alors se perpétuer jusque dans les années 1960.

Réjouissons-nous, les mentalités ont aujourd'hui bien évolué. Être gaucher serait même de nos jours considéré comme un avantage dans certains domaines comme le sport.

Boxeur
Selon certains chercheurs, les gauchers seraient en effet meilleurs que les droitiers dans les sport qualifiés de « sport d'opposition », où chacun des compétiteurs, en face-à-face, doit surprendre son adversaire : le tennis de table, l'escrime, le tennis, la boxe ou encore le cyclisme sur piste.

Dans ces sports, les gauchers seraient avantagés grâce à leur cerveau. En effet, le côté gauche du corps est commandé par l'hémisphère droit du cerveau, celui de la représentation de l'espace. L'hémisphère gauche du cerveau, qui commande la partie droite du corps, gère pour sa part notre langage et notre écriture. Les gauchers bénéficieraient donc dans le cerceau d'un circuit inter-hémisphérique plus court que les droitiers, ce qui se traduirait plus rapidement dans leur gestuelle.

Escrime
L'élite de l'escrime mondiale compterait ainsi jusqu'à 50% de gauchers. En tennis de table, elle représenterait 30% des 50 meilleurs joueurs mondiaux. 

Les gauchers seraient par contre moins à l'aise dans les sports nécessitant un mouvement coordonné du corps comme le saut à la perche, le saut en hauteur, le lancer du disque ou le patinage artistique, disciplines qui comptent peu de gauchers au niveau mondial.

Dans le saut en hauteur, par exemple, le droitier utilise généralement son pied gauche comme pied d'appel. Le gaucher, lui, moins homogène sur le plan de la latéralité du corps, utilise rarement le pied droit comme pied d'appel. Il est alors difficile pour le gaucher d'effectuer une rotation du corps en sens inverse comme le droitier.

Alors, que vous soyez droitiers, gauchers ou même ambidextres, il y aura toujours un sport fait pour vous.

Pour me contacter : manager@gregory-capra.com

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